Je viens de retrouver parmi mes différents siphons une pièce qui est de loin la plus drôle de ma collection, une bouteille de la marque Duhomard avec un homard représenté dessus. Entre parenthèse, la marque Duhomard existe toujours et possède son site internet.
Grace à un document édité en 2013 par la CCI des Deux-Sèvres je vais pouvoir vous raconter son histoire. Pour connaître la totalité de l’histoire je vous invite à consulter le document original.
Il était une fois un groupe de quelques amis, tous voyageurs de commerce, réunis par l’un d’entre eux, autour d’une bonne table, histoire d’oublier les malheurs de la guerre et de fêter les joies de la vie entre proches. Ça se passe en 1921, à quelques kilomètres de Thouars, à Massais, à l’Hôtel du Père JOLY. Pour agrémenter ces repas conviviaux, l’habitude est prise d’une partie de pêche dans l’Argenton voisin, et très vite, d’un concours du plus beau poisson pêché. C’est ainsi que l’un d’eux, Emile DIACRE, après s’être assoupi quelque peu à proximité de l’eau, se réveilla et, en retirant sa ligne, fut tout étonné d’y voir accroché un énorme homard tout rouge ! C’était à l’évidence la plus belle prise. Ses amis, et néanmoins gais lurons, avaient récupéré ce joli crustacé à la cuisine du restaurant et l’avaient accroché à sa ligne.
L’affaire aurait pu en rester là et alimenter les plaisanteries des banquets suivants. Mais Emile DIACRE était négociant en vins et spiritueux à Thouars. Or la mode était aux boissons à base de quinquina, cet arbre d’Amérique du sud dont l’écorce passait pour avoir des vertus tonifiantes. Emile DIACRE se mit à créer son propre apéritif et dosa à sa manière vin, épices, et quinquina, jusqu’à ce que son palais soit satisfait du résultat. Tout naturellement, ce breuvage maison devient, en 1926, l’apéritif du banquet de Massais et une sorte de signe de reconnaissance entre les convives. D’autant que, en souvenir de la fameuse pêche dans l’Argenton, le nom qu’Emile DIACRE lui donna s’inspira de l’esprit décalé́ et humoristique de ces retrouvailles conviviales annuelles : Duhomard !
Une pub appétissante
C’est l’époque des slogans publicitaires du style « Du bon, du bon, Dubonnet ». Pour le nouveau breuvage, ce sera « L’apéritif qui en pince » ! … Emile DIACRE fit aussi appel à l’un des plus célèbres affichistes de l’entre-deux-guerres, DORFI, auteur d’affiches pour Viandox, l’Alsacienne, le cognac, les bières, coca-cola, la bicyclette, la pêche, ou encore la grande roue de Paris ! De son vrai nom Albert DORFINAND (1881-1976), il concocta une affiche très colorée et humoristique sur laquelle un jeune serveur portait sur un plateau les deux versions, rouge et blanche, de l’apéritif, tout en chevauchant un homard dynamique.
Vous pouvez consulter la page Pinterest officielle de l’entreprise Duhomard afin de consulter quelques photos.
Bonjour, je viens justement de faire l’acquisition de l’un de ces fameux siphons (Duhomard). Il est vraiment magnifique et sa prestance ravit ma collection de près de 200 spécimens. L’histoire que je viens de lire grâce à vous donne encore plus d’intérêt à cette valeureuse bouteille dont la tête métallique est estampillée de 1940. C’est l’un des rares témoins de siphon que j’ai pu retrouver et qui rappelle cette triste période de l’histoire. Encore merci pour ce site fort intéressant et au plaisir de vous montrer le mien que je cogite depuis quelques temps et qui ne saurait tarder à sortir sur le net, présentant ainsi à mon tour mes collections.